Le Petit Braquet
 
- Chronique n° 99 - Albert Champion
 
 

Coup de chapeau à

SUITE / chapitre VIII

 

 

 

 

 

 

8 -Une fin tragique ...

 

Au début des années 20, lorsqu'il regarde son parcours, Albert peut légitimement être fier de ce qu'il a accompli. Parti de rien, il s'est construit en deux décennies, une vie bien plus brillante que celle qu'enfant, il imaginait dans ses rêves les plus fous. Bigger than life. Si la réussite professionnelle d’Albert Champion est indéniable, sa vie privée est beaucoup plus chaotique. Séducteur, homme à femmes, aimant la vie en société et les mondanités il ne s'entend plus du tout avec sa première épouse.

Il est bien évidemment difficile de savoir ce qu'il se passe réellement dans le couple que forment Albert et Elise. Celle ci, rencontrée à Paris bien avant qu'Albert ne devienne un magnat de l'industrie automobile américaine, n'était probablement pas faite pour la vie de stress, de strass et de paillettes que mène désormais son mari. Peut être aurait-elle pu s'accommoder de tout cela si Albert n'avait pas été un mari volage. Depuis qu'ils sont mariés, Elise a découvert une aventure extraconjugale à Albert mais est ce là seule ? On peut en douter. Le comportement d'Albert vis à vis de l'épouse de Louis Chevrolet laisse plutôt penser qu'il est un époux volage. Force est de constater qu'aucun enfant n'est venu secouer la routine qui, avec le temps, n'a pas manqué de s'installer entre eux. De nouveau au début de l'année 1921, Elise a des doutes sur la fidélité de son mari qu'elle n'a pas accompagné à New York lors d'un salon professionnel qui s'est déroulé durant le mois de janvier. Les informations que possède alors Elise semblent suffisamment fondées pour qu'elle engage un détective ayant pour mission de prendre son mari en flagrant délit d'adultère.

Le détective appointé par Elise va durant les mois qui suivent accumuler les preuves de la culpabilité d'Albert. Il découvre qu'Albert a en effet rencontré une jeune femme de vingt ans sa cadette, Edna Josephine Crawford, lors d'une party au Waldorf Astoria Hotel.

C'est par le plus grand des hasards qu'Edna et Albert se sont rencontrés. Edna est alors à New York en compagnie d'une de ses sœurs, Emily qui fait partie de la célèbre troupe des Ziegfeld Girls. Les Ziegfeld Girls étaient les danseuses de cabaret des spectacles Ziegfeld Follies de Florenz Ziegfeld inspirés par les Folies Bergères. Très à la mode jusqu'au crack boursier de 1929, la troupe Ziegfeld a vu passer dans ses rangs de nombreuses futures stars telles que Paulette Goddard, Barbara Stanwyck, Sid Charisse, Louise Brooks et Marie Pickford. Edna n'est pas une starlette, elle travaille dans une entreprise de textile mais elle profite d'invitations que reçoit sa sœur pour aller dans des soirées où se mélangent des membres du show-biz et des personnalités du monde politique et économique. Elle est belle et séduisante et il éprouve un véritable coup de foudre. De son premier mariage et de son divorce à tout juste 20 ans, Edna ne semble pas avoir dit grand-chose à Albert. Elle lui parle de son travail dans une usine de chemisier et surtout elle s'intéresse à lui. A 44 ans, Albert n'est pas insensible au fait qu'une jeune et jolie femme se préoccupe de lui. Edna a touché une corde sensible. Albert est flatté et fier d'avoir séduit une femme qui s'intéresse à lui pour ce qu'il est et pas pour son argent. C'est ce qu'il croit mais la réalité, hélas, est tout autre. Les sentiments et les motivations profondes d'Edna sont beaucoup plus difficiles à cerner. Est-elle sincèrement séduite par le dynamisme et le charisme d'Albert ou n'est-elle simplement qu'une excellente comédienne. Les sources dont nous disposons sont toutes peu flatteuses pour la jeune femme qui est présentée comme une « arriviste » venue à la ville dans l'unique but de trouver un homme riche et l'épouser.

Née le 17 février 1889, la jeune femme est originaire du minuscule village de Raymore, 271 habitants au recensement de 1900, dans l'ouest de l'état du Missouri. Issue d'une région profondément rurale, Edna Josephine Crawford a, coïncidence curieuse, une ascendance qui porte le patronyme Champion. Ainsi sa mère qui est originaire de l'Illinois se nomme Elisabeth Jane Champion Crawford. Ce patronyme pourrait bien être le signe d'une ascendance française lointaine.  Beaucoup de Français se sont ainsi installés au Canada dans le courant du XVIIème siècle avant migrer vers les Etats Unis au  XIXème siècle.

Dans les hôtels où les amoureux se retrouvent, ils se font enregistrer sous le nom de Monsieur et Madame A. Chapman. Le 24 août, Elise fait arrêter Albert et Edna sous l'accusation de conduite contraire aux bonnes mœurs. Cette fois ci, lors de la confrontation avec sa femme, Albert plaide coupable et il ne cherche pas à sauver son couple. Il lui dit simplement qu'il veux mener la grande vie et profiter de sa fortune croissante comme le font la plupart des autres magnats de l'industrie automobile. Une épouse à Flint et une maîtresse à New-York, constituait pour lui une situation acceptable et plutôt confortable. Si Elise avait accepté de fermer les yeux et de jouer l'épouse modèle, rien ne se serait peut-être passé…Selon certaines sources Albert aurait poussé sa femme à accepter le divorce; lui offrant 1 million de dollars pour qu'elle ne ralentisse pas la procédure.

Après 18 ans de mariage, le divorce d'Elise et d'Albert est prononcé le 1er novembre. Ils décident en dehors de la procédure, qu'Elise conserverait en son nom propre la maison que le couple avaient acheté peu de temps auparavant à leur ami Walter Chrysler. Selon les calculs de Peter Nye, la valeur de la maison peut être estimé à 3,25 millions de dollars 2014 !!!. En 1920, la fortune que possède désormais Albert est estimée à 4 400 000 dollars ce qui en 2015 correspond à la somme  51 100 000 dollars. Il peut donc se permettre de faire un tel cadeau à Elise sans se ruiner le moins du monde.

Peu après que le divorce ait été prononcé, Elise et sa sœur Gabrielle repartirent définitivement pour la France. Contrairement à son ex époux, Elise ne s'était jamais véritablement sentie chez elle aux Etats Unis. Elle avait tout quitté par amour mais maintenant qu'elle était de nouveau seule, elle préférait rejoindre sa famille, ses anciens amis et retrouver ses racines.

Pour vivre avec Edna, à New York Albert profite du fait que General-Motors possède un immeuble dans la 57ème rue. Il y installe son bureau et dans le même temps il confie la gestion des usines de Flint à Basil de Guichard en qui, nous l'avons vu, il a toute confiance. Être amoureux ne change pas ses habitudes et Albert travaille toute la journée d'arrache-pied avant d'aller rejoindre Edna. Il continue à tout mettre en œuvre pour améliorer ses produits et il dépose de nouveaux brevets.

C'est en février 1922, qu'Albert annonce son prochain mariage avec Edna qui est alors présentée comme une étudiante de la « National Academy School of Fine Arts ». Selon Peter Nye, il n'existe aucune trace du passage d'Edna dans cet établissement et il s'agit probablement d'une invention d'Albert et d'Edna pour donner une meilleure image de la jeune femme. C'est aussi en février, qu'est prononcé le jugement dans l'affaire qui l'oppose depuis de longues années aux frères Stranahan.  La sentence lui est défavorable et Albert est obligé de modifier le nom de sa société. The Champion Ignition Company devient AC Spark Plug Company. Pour des raisons différentes mais David Buick et Louis Chevrolet avant lui, il se retrouve dépossédé de son nom.

Très vite, trop vite, aveuglé par les charmes d'Edna, Albert l'épouse à la fin du mois de février 1922 à New-York. La romance sera hélas de courte durée. Albert offre à Edna 40 000 dollars en action du Groupe General-Motors comme cadeau de mariage. Leur voyage de noce, d'une durée de cinq mois les emmène en France et en Europe où Albert a de nombreuses affaires à régler. Basil de Guichard assure cette fois ci la gestion totale de l'entreprise en l'absence du Big Boss.

Lors du voyage avec les dirigeants de GM, trois ans plus tôt Albert avait décidé de fabriquer une partie de ses produits en Europe pour développer ses ventes auprès des constructeurs européen. Il a ainsi implanté une unité de production en Angleterre : AC-SPHINX à Birmingham afin de produire pour les îles Britanniques et pour l'Egypte, la Turquie, l'Australie et la Nouvelle Zélande. Son séjour lui permet d'acheter l'entreprise de bougies Oléo, basée à Levallois-Perret. Afin d'obtenir une qualité équivalente aux produits vendus aux Etats Unis, Albert fait venir des machines de Flint ainsi que de l'argile. En six mois, la société qui s'appelle désormais AC Oléo est en capacité de produire selon le même processus et avec la même qualité, des bougies pour les constructeurs européens. Peugeot, Renault, Bugatti, De Dion, Ballot utilisent des bougies sorties des usines de Levallois-Perret, qui exportent également vers l'Afrique et l'Asie.

 

Si la fidélité amoureuse n'est pas loin s'en faut une qualité première chez Albert, il est par contre d'une loyauté sans faille envers ceux à qui il a accordé sa confiance. Pour mener à bien la modernisation et la gestion de l'usine de Levallois-Perret il embauche Pierre Tournier son ancien entraîneur. Au total près de deux cents marques de constructeurs partout dans le monde, utilisent des bougies ou d'autres composants de la marque AC. Une autre unité de production, AC Titan sera par la suite implantée à Clichy pour répondre à l'accroissement de la demande sur le marché européen.


« Cycle and Automobile Trade Journal » 1918

L'un des traits fondamentaux de la personnalité d'Albert Champion est son hyperactivité. Au début  des années 20, à la tête d'une entreprise de plus de 3000 salariés, il ne se contente pas de gérer son entreprise et de réfléchir sans cesse à de nouvelles innovations qui permettent à AC Spark Plug de demeurer une entreprise leader dans son domaine. Il  dépose encore plus d'une dizaine de brevets entre 1921 et 1927 à la fois pour les bougies mais également pour les compteurs de vitesse.

Il fait feu de tout bois en développant d'autres  activités et en s'investissant personnellement pour la promotion du sport et le rayonnement de son pays d'adoption.

Albert Champion s'est aperçu que les fours utilisés pour produire les isolants en porcelaine de ses bougies d'allumage risquaient fortement, avec le temps, d'être endommagés par les cycles quotidien de chauffage et de refroidissement qui leur étaient imposés. En effet, les fours fonctionnaient toute la journée mais la nuit, en l'absence d'isolants à produire, ils refroidissaient. Dans l'esprit fécond du grand patron qu'il était devenu, c'est d'abord un souci d'économie et de sécurité qu'il le pousse à réfléchir à ce problème. Comment optimiser l'utilisation des fours et ainsi les garder chaud en permanence. Il imagine ainsi avec son staff d'utiliser les fours pour produire des tuiles et des carreaux de céramique pendant les heures creuses. C'est ainsi qu'en 1921 est créée « The Flint Faience & Tile Company ». Selon certaines sources c'est la rencontre avec Carl Bergmans, un artiste belge ayant appris l'art de la poterie à Paris et à Bruxelles qui aurait convaincu Albert Champion de se lancer dans cette entreprise. Carl Bergmans avait auparavant travaillé durant plusieurs années pour une faïencerie réputée « the American Encaustic Tile Company » basée à Zanesville dans l'Ohio.

AC Spark Plug possédait déjà en interne des experts en céramique et des designers de talent mais il manquait à la société l’œil et la patte d'un spécialiste comme Bergmans pour créer des modèles à la mode. Les premières productions de tuiles de décoration personnalisées servent d'abord à embellir les bâtiments résidentiels et commerciaux dans les usines A. C. d'Harriet Street. La qualité et la modernité de la production donnent très vite une excellente réputation à The Flint Faience & Tile Company. La renommée de l'entreprise s'étend bien au-delà des frontières, ainsi par exemple, le palais présidentiel du chef d’État Péruvien est équipé de faïences produites par la Compagnie.


Source : http://www.oldhouseonline.com/

En 1933, malgré la popularité de la production, General Motors décida d'arrêter définitivement the Flint Faience & Tile Company. Il ne s'agissait pas pour General Motors de stopper une activité non rentable mais d'utiliser en permanence les fours pour répondre à une demande sans cesse croissante de l'industrie automobile. L'entreprise se recentre sur son cœur de métier et comme the Flint Faience & Tile Company n'est qu'une émanation de General Motors, les choses se font tout naturellement. Aujourd'hui encore les modèles produits par  The Flint Faience & Tile Company sont très recherchés. On peut avoir une idée de la richesse et de la qualité de la production en effectuant une visite virtuelle de la demeure « the Mediterranean Revival house » que fit construire en 1930, Edward T Strong, le patron de la division Buick de General Motors.

L'intérêt d'Albert Champion pour l'aviation qu'il considérait comme étant de loin le moyen de locomotion qui exigeait le plus de technologie est récompensé par les prouesses des pilotes américains. Le 2 mai 1926, Richard E Byrd et son mécanicien Floyd Bennett effectuent à bord d'un Fokker équipé de bougies AC, le tour du Spitzberg et du pôle Nord lors d'un voyage de 16 heures. En 1927, la traversée sans escale et en solitaire de l'Atlantique par Charles Lindbergh sur son avion le Spirit of Saint Louis assoit encore la renommée internationale de la marque. Celui que l'on surnomme « l'aigle solitaire » insiste en effet devant la presse sur la qualité des bougies AC.

D'autres pilotes américains de renom comme Clarence Chamberlin, Albert Francis Hegenberger, Lester James Maitland, Bertrand Blanchard Acosta ainsi que Katherine Stinson, une des premières femmes aviatrice utilisèrent avec bonheur les bougies conçues et fabriquées par A. C. Spark Plug.

 

Revue Motor Boating, novembre 1927

 

Albert Champion aime la vie en société et toutes les mondanités qu'elle implique. Il y est désormais parfaitement à son aise et il s'y comporte comme n'importe quel richissime businessman américain. Pourtant malgré une activité professionnelle débordante et de nombreuses sollicitations mondaines, il ne néglige pas les disciplines sportives qu'il a pratiquées durant sa jeunesse.

A partir de l'année 1906, il existe à Paris un prix Albert Champion. Cette épreuve pour stayers de 50 km derrière moto est sponsorisée par l'ancien coureur qui contribue ainsi au rayonnement de sa discipline de prédilection.

En 1920, à l'initiative de certains constructeurs automobiles ainsi que de journalistes et de concessionnaires est créé à Flint un club des vieilles branches, « Old Timers Club » afin d'honorer et de perpétuer la mémoire des pionniers de l'industrie automobile. Albert Champion qui possède la nationalité américaine depuis peu, a l'immense honneur d'en être le premier Président. L'année suivante les deux premiers banquets de l'association ont lieu à Chicago et à New York à l'occasion des salons de l'auto qui se déroulent dans ses villes. Au sein du club on retrouve également d'anciens pilotes de course automobile. En dehors d'une réflexion pour la création d'un fond de solidarité pour les pilotes victimes d'accident grave, il ne se passe pas grand-chose au sein du club, ce qui ne satisfait pas du tout Albert Champion. Cette Présidence, octroyée par ses pairs est importante à plus d'un titre pour lui. Elle est la reconnaissance de ses qualités de pilote et de capitaine d'industrie mais elle aussi le signe évident de sa parfaite intégration dans la société américaine. Il souhaite profiter de sa Présidence pour promouvoir le club et le marquer de son empreinte. Chris Sinsabaugh, journaliste, éditeur spécialisé dans le domaine de l'automobile qui est lui aussi membre du Old Timers Club, prétend dans son ouvrage que c'est lui qui aurait proposé à Albert Champion, d'inscrire une écurie américaine au Grand Prix de France 1921. Vrai ou faux, il est en tout cas certain qu'un tel challenge ne pouvait que séduire Albert. Dans cette histoire comme dans beaucoup d'autres, Albert Champion avance avec détermination et au pas de charge, à l'image de celui qu'il a toujours pris pour modèle, Adolphe Clément. Pour permettre l'engagement d'une écurie américaine composée de quatre voitures Duesenberg au Grand Prix de France automobile, il met généreusement la main au portefeuille. Sa contribution financière est complétée par celle de Barney Oldfield, qui prend en charge les frais de l'équipe.

 

Barney Oldfield contre lequel Albert Champion s'était autrefois battu pour être le premier à parcourir le mile en moins d'une minute, est depuis devenu son ami. Comme lui, il avait été coureur cycliste avant de devenir pilote et leur passion commune pour la vitesse n'avait pas manqué de les rapprocher.

La participation d'une véritable équipe américaine est en elle même une première qui est largement saluée par la presse américaine. La marque Duesenberg a été créée par deux immigrés allemands, les frères Frederik et August Duesenberg. Ils ont construit leur première voiture en 1904 à Des Moines dans l'Iowa sous la marque Mason. Ce n'est que huit ans plus tard qu'ils ont lancé leur propre marque « the Duesenberg Motor Company ». Durant la première guerre mondiale, ils ont fabriqué des moteurs de 8, 12 et 16 cylindres pour équiper des véhicules de l'armée américaine. La qualité de leurs réalisations leur a très vite procurée une excellente réputation comme en témoigne dès 1916, la collaboration avec Ettore Bugatti pour la conception d'un moteur à 16 soupapes.

Oncle Sam sera représenté dans la course française

 

« Pour la première fois de son histoire les Etats-Unis d'Amérique seront représentés lors du fameux Grand Prix de France automobile qui se déroulera en Juillet. Quatre voitures Duesenberg, fabriquées à Indianapolis seront sur la ligne de départ avec les meilleures voitures de course Française, Anglaise, Belge et Italienne.

 

On dit que les inscriptions américaines seront sponsorisées par Albert Champion, Président du Old Timer's Club et patron de la société « Champion Ignition Company ». Barney Oldfield, le plus ancien pilote de course américain a contribué généreusement à la prise en charge des dépenses du team américain.

Ralph Mulford, vétéran des épreuves sur route et Jimmy Murphy, star des courses automobile pour la saison 1920, piloteront deux des Duesenbergs. Les deux autres voitures seront conduites par des pilotes français ; un d'entre eux est Albert Guyot qui a déjà couru à Indianapolis. »

 

The Arizona Republican, automobile section, 27 mars 1921

Après la guerre, les frères Duesenberg s'installent à Indianapolis. La majeure partie de leur activité est désormais consacrée à la conception et à la fabrication de voitures de course. Ces voitures sont performantes et obtiennent d’excellents résultats aux Etats-Unis. Elles sont le plus souvent équipées de moteurs huit cylindres de trois litres. Quand Albert Champion décide de sponsoriser une écurie américaine pour le Grand Prix de France c'est tout naturellement qu'il pense aux voitures des frères Duesenberg car dans son esprit, ce sont les meilleures pour représenter les Etats Unis.

Albert Champion est responsable de la victoire Américaine
Le Président du Club des Vieilles Branches a sponsorisé le team qui a participé au célèbre Grand Prix

 

Albert Champion, Président du Club des Vieilles Branches, est l'homme qui a rendu possible la victoire de l'équipe américaine lors de la course du Grand Prix qui s'est déroulée en France, le 25 juillet et qui a été remportée par Jimmy Murphy d’Indianapolis membre du team Duesenberg. Les voitures américaines ont également pris les 4ème et 6ème place. Elles étaient pilotées par André Du Bonnet et Albert Guyot. Ils étaient membres du team américain sponsorisé par Mr Champion qui a apporté son soutien à l'Amérique alors qu'il ne restait que quarante huit heures pour faire l'inscription par câble.

Victoires remarquables

Comme c''est la première fois que l'Amérique conçoit et construit des voitures qui sont victorieuses ou même sur le podium de compétitions européennes, ces courses sont des événements plus que remarquables et elles ont suscité l'intérêt le plus large dans l'ensemble des pays du continent nord américain.

Au moment de son élection, lors du meeting et du banquet du club des vieilles branches à Chicago, Mr Champion a déclaré lors de son discours augural :

« Vous à qui je m'adresse êtes Américains parce que c'est comme ça, tandis que moi, je suis Américain par choix, mais cela ne fait aucune différence.

Obtenues sur le fil.

C'est au moment du show que Mr. Champion a exprimé l’opinion que l'Amérique devrait être représenté dans le grand Prix automobile de son pays natal. Il restait quarante huit heures avant la clôture des inscriptions quand, après une communication télégraphique avec Fred Duesenberg. concepteur et constructeur des voitures, qui se trouvait alors en Californie, Mr. Champion, s'est manifesté et a garanti les dépenses de l'équipe autorisant l'inscription par The American Automobile Association. Mr. Champion a agi uniquement dans un esprit de sportivité, et il reçoit félicitations des membres du Club Old Timers et d'autres pour son action ayant rendu possible cette victoire pour la bannière étoilées, dans le pays de sa naissance.

Fred Duesenberg bénéficie également tout naturellement de félicitations provenant de partout dans le pays, pour son travail intelligent qui a donné aux voitures de l'équipe américaine, pour la première fois dans l'histoire, la possibilité de placer, l'Amérique à la hauteur de l'industrie automobile européenne. L'événement est également notable pour les frères Duesenberg. car il marque leur retraite de la compétition automobile pour se consacrer entièrement à la fabrication. Le Président Champion est un industriel lui aussi, et ses bougies AC et Titan sont largement utilisés par les pilotes de course et par de nombreux constructeurs automobiles américains et européens.

 

The Washington Times, 13 août 1921

Le discours augural d'Albert Champion dont le Washington Times ne nous parle hélas, que brièvement est très important pour comprendre dans quel état d'esprit il se trouve désormais. Albert Champion qui a obtenu la nationalité américaine, affirme haut et fort qu'il est Américain par choix et pas par la naissance mais que cela ne fait aucune différence. En déclarant cela Albert Champion entend montrer qu'il est et sera tout autant patriote et défenseur de son pays que n'importe quel autre américain. Dans ses actes, comme cela avait déjà été le cas durant la grande guerre, il s'investit financièrement et moralement pour les intérêts de son pays d'adoption. Les choses sont claires dans son esprit. Il garde bien évidemment des liens avec la France où demeure une grande partie de sa famille et où il continue de venir très régulièrement pour affaires mais cette page de son existence, est définitivement tournée. Il est une brillante incarnation du rêve américain et il en est aussi un fervent défenseur. Pauvre en son pays, il est devenu un magnat de l'industrie automobile dans cette Amérique qui lui a ouvert les bras et à qui il doit tout. Le patriotisme sincère qu'il affiche pour son pays d'adoption contraste bien évidemment avec son départ précipité de France, vingt ans plus tôt, pour éviter le service militaire. Il est difficile de le blâmer pour cet acte car c'est avant tout parce qu'il avait un besoin immédiat d'argent pour assurer l'existence de sa famille qu'il est parti. Comme avec les hommes qui l'ont aidé et c'est là un trait de caractère constant chez lui, Albert Champion fait preuve de fidélité et de reconnaissance envers les Etats Unis.

Comme bien souvent sur la piste au temps où il était coureur, Albert Champion a la baraka. Certes l'équipe américaine est composée d'excellents pilotes et de voitures puissantes et fiables mais rien dans une compétition ne peux jamais garantir la victoire. Jimmy Murphy en s'imposant au volant d'une des Duesenberg est le premier pilote américain à remporter un Grand Prix sur une voiture entièrement américaine. Il faudra attendre 46 ans avant que Daniel Sexton Gurney ne réédite cet exploit lors du Grand Prix de Belgique 1967, au volant d'une Eagle.

Grand Prix de France

Véritable victoire américaine

La victoire des voitures Duesenberg au Grand Prix de France fut un triomphe Américain. La voiture victorieuse a été dessinée par Fred et Auguste Duesenberg et pilotée par Jimmy Murphy. L'équipe a été financé par Albert Champion et Barney Oldfield. L'allumage a été conçu par Delco, les bougies par A-C. Et les pneus étaient des pneus Oldfield.

Curieusement, le principal soutien financier pour la première voiture américaine a remporter une épreuve à l'étranger, a été fourni par un homme né en France. Mr Champion, qui est citoyen de ce pays par naturalisation. Son soutien est arrivé au dernier moment quand il semblait que les fonds allaient manquer et il accepta de prendre en charge l'essentiel des dépenses du Team. Le stand était sous la responsabilité de George Robertson, le premier américain a remporter sur une voiture américaine la Coupe Vanderbilt dans ce pays. Robertson a été à l'étranger pendant plusieurs années, en lien avec l'AEF et plus tard avec la Croix Rouge Américaine.


New York Tribune, 14 août 1921

Il est intéressant de noter que jamais, dans tous les documents français qu'il nous a été donné de consulter, il est fait mention du fait qu'Albert Champion soit devenu citoyen américain. Au lendemain de sa mort, le journal « la pédale » déclare même « il est venu mourir dans sa patrie ».

Albert est de nouveau à Paris en 1924 pour les obsèques de sa mère. La famille a toujours autant d'importance pour Albert. Prosper qui est devenu citoyen américain travaille toujours pour lui à Flint. Albert n'a pas d'enfant mais il est très proche de son frère et de ses trois neveux. A Albert Prosper, l’aîné âgé de 12 ans en 1927, il trouve un job d'été dans son entreprise. Il songe au financement des études de ses trois neveux et il envisage également de les coucher sur son testament. Albert est aussi un homme fidèle en amitié, sa complicité avec Basil de Guichard en est bien évidemment le meilleur exemple. Au sein de l'usine de Levallois-Perret dirigé par Pierre Tournier, il recrute Albert Guyot Junior, le fils du célèbre pilote qui faisait partie de l'écurie Duesenberg au Grand Prix de France 1921..

Esprit vif, parfois hâbleur et aussi quelque peu bagarreur, Albert ne semble pas avoir été quelqu'un de facile à vivre selon l'expression populaire. Pour Albert le travail passe avant tout et son mariage en prend rapidement un coup. Parti très tôt le matin, il quittait en général son bureau vers 17 heures. Durant le trajet jusqu'à son domicile, qui durait une quarantaine de minutes, il laissait son chauffeur conduire et il lisait tranquillement son courrier. Parvenu à son domicile, il en repartait rapidement pour promener ses deux chiens avant de dîner avec son épouse puis il s'installait à son bureau pour régler encore quelques papiers. La vie sentimentale d'Albert n'est pas loin s'en faut au diapason de sa prospérité économique. Edna, comme toutes les filles de la campagne qui veulent s'en sortir, ne jure que par les lumières de la ville. Flint ne lui plaît pas, elle n'a qu'une envie : vivre à New-York. Ses rapports avec les autres épouses des magnats de l'industrie automobile demeurant à Flint sont mauvais. Elise a laissé un excellent souvenir et Edna passe aux yeux de ses dames pour une briseuse de couple, une arriviste, une ambitieuse pour ne pas dire plus.

Il est loin désormais le gosse blanc dont la jeunesse et la fougue éblouissaient le public parisien. A quarante quatre ans, Albert comme on peut le constater sur les photos de l'époque apparaît vieillissant. C'est un homme mur. Malgré un charisme intact, un peu d'embonpoint, une calvitie déjà bien avancée et une claudication évidente font de lui un homme éloigné des canons de la beauté masculine de l'époque. Il n'a pas le charme des grands séducteurs que sont Johnny Wessmuller ou Rudolph Valentino et il le sait fort bien. Difficile de dire ce qui se passe alors dans la tête de notre homme. Amoureux fou de sa jeune et belle épouse, il a peur de la perdre. Albert est généreux, il lui fait de magnifiques cadeaux. Edna est comblée de vêtements et de bijoux de grande valeur mais elle est l'objet d'une jalousie intense. Il achète une maison à sa belle mère et quand elle fait des emplettes, il paie les dépenses sans rechigner. Mais il refuse catégoriquement de donner de l'argent liquide à Edna pour éviter qu'elle ne courre les boutiques. Au fond de lui même, il n'est peut être pas dupe des motivations profondes d'Edna et ce mode de fonctionnement lui permet, malgré les récriminations d'Edna de conserver un contrôle au moins relatif de la situation. Dire que c'est le comportement d'Albert Champion qui a précipité Edna dans les bras d'un autre, est probablement une erreur, tant par la suite, les actes d'Edna montrent son goût immodéré pour l'argent.

Au sein du couple les disputes à propos de l'argent sont de plus en plus fréquentes. Un drame va également ternir leur rapport. Emily, la sœur d'Edna emprunte un jour la voiture de sport d'Albert, un Marmon Speedster pour effectuer une promenade. Ce modèle, le plus puissant produit sur le sol américain à l'époque, était difficile à conduire et Emily en perdit le contrôle. La voiture finit sa course au fond d'un lac avec sa conductrice. Albert fut profondément touché par cette tragédie mais sa douleur pourtant bien réel n'empêcha pas le fossé de se creuser entre Edna et lui.

C'est finalement par le cercle de ses amis qu'Edna va rencontrer le méchant de cette histoire. C'est en France, lors d'un voyage pour rejoindre son mari, qu'Edna croise la route de Charles Brazelle.A la fin de l'été 1926, Albert prépare son traditionnel voyage en Europe à l'occasion du salon de l'Auto de Paris qui se tient au mois d'octobre. Il souhaite visiter ses usines de Levallois-Perret et de Birmingham. Il décide de partir avec les représentants de General-Motors en début de mois tandis qu' Edna, qui entend rester quelques jours de plus avec ses frères et sœurs, s’embarquera une semaine plus tard pour le rejoindre à Paris. Dans la capitale, Albert croise, au bar de l'hôtel Crillon, son vieil ami Barney Oldfield qui effectue son voyage de noce avec sa troisième épouse. Le jour de l'arrivée d'Edna qui  effectue le trajet le Havre, Paris en train, Albert est trop occupé pour aller la récupérer  gare du Nord c'est pourquoi il demande à Barney Oldfield de lui rendre ce service. Barney est au moment de leur rencontre en grande conversation avec un expatrié américain, vétéran de la grande guerre et originaire de San Francisco, Charles Brazelle. Celui ci accepte d'accompagner son nouvel ami à la gare du Nord pour y retrouver Madame Champion.

« Je l'ai aimé dès le moment où mes yeux se sont posés sur elle » déclara plus tard, Charlie Brazelle qui dès ce moment n'aura de cesse de revoir Edna.

Photo du passeport de Charles Lander Brazelle datant de 1923

www.ancestry.com

Né le 22 avril 1888, dans la ville de San Francisco en Californie, Charlie Brazelle qui se prénomme en fait Charles Lander, a dix ans de plus qu'Edna et il possède lui aussi des origines françaises.  Ayant effectué ses études à l'université de Santa Clara, il aurait durant cette période fait beaucoup de sport et pratiqué la boxe. Il est séduisant, charmeur, de conversation agréable et il lui plaît immédiatement. Les photos de l'époque nous laisse plutôt l'impression d'un homme un peu enrobé, déjà vieillissant et dont le charme nous échappe totalement. Le passé de Charles Brazelle est assez flou. Divorcé une première fois, il s'est remarié en France, le 2 avril 1925 à Biarritz avec une américaine : Roberta Acuff qui possédait un hôtel particulier à Biarritz.Séparé depuis peu de sa seconde femme, Charlie Brazelle qui connaît bien la côte Altlantique, est installé depuis quelques temps à Paris. Il cherche à vendre des parts dans une société qu'il souhaite créer pour établir et gérer un casino à Biarritz.

The Seattle Daily Times en date du 21 novembre 1926 fait état d'un diner au restaurant du Crillon réunissant les époux Oldfield, les époux Champion et Charles Brazelle.

Hélas pour Edna, malgré son air affable, sa douceur et sa gentillesse ne sont qu'une façade. Charlie Brazelle est, tout autant qu'elle, intéressé par l'argent d'Albert Champion. Quand il aura obtenu ce qu'il souhaite, il se montrera sous son vrai jour : avide, fourbe, calculateur et même violent.

Tous les éléments du drame sont désormais en place. Pourtant Albert, malgré ses problèmes de couple semble en pleine forme. Il travaille comme un forcené mais il prend un plaisir immense à faire ce qu’il fait et comme il le déclare lors d'une interview accordée au journal The Detroit News le 21 août 1927, il assume totalement le plaisir qu'il prend à son travail :

« People say to me, Albert, you have all the money you'll ever want, why in the world don't you stop and have good time? I always laugh. If they only realized it. I am having the time of my life right now. »

Tout dans la vie d'Albert Champion est digne d'un roman car c'est à Paris que ce triangle amoureux,   composé de trois américains d'origine française va exploser.

Le 1er octobre 1927, le couple Champion s'embarque à bord du paquebot Île de France en direction du Havre en compagnie de Walter Chrysler, Alfred Sloan désormais manager de General-Motors, Charles Stewart Mott et Charles Kettering. Cofondateur de la Dayton Engineering Laboratories Company (Delco) qui a commercialisé un générateur motorisé de son invention (Générateur Kettering) capable d'alimenter en électricité des habitations isolées Charles Kettering est également à l'origine de la commercialisation d'un système d’allumage par batterie et bobine appelé Delco, en hommage à sa société. Après avoir vendu son entreprise à General-Motors en 1916, il occupe au sein du groupe le poste de directeur du laboratoire central de recherche.

Ce retour au pays au moment du salon est une habitude pour Albert qui chaque année profite de ces quelques jours dans la capitale pour revoir quelques anciens coursiers et  rencontrer des clients. Pendant qu'Albert, fidèle à ses habitudes, multiplie les rencontres et les réunions de travail, Edna reprend contact avec Charlie Brazelle qui réside à l'hôtel Crillon.

 

Le 26 octobre, Albert et Edna dînent en compagnie d'Henri Desgrange. Le journaliste du journal l'Auto, Charles Faroux est présent ce soir là. Il dira après la disparition tragique d'Albert que celui-ci était, comme à son habitude, amoureux de la vie, gai, enthousiaste, combatif, plein de projets. Le lendemain matin, dans leur chambre de l'hôtel Meurisse, les époux se disputent. Edna veut quitter Albert pour rejoindre Charlie. La dispute est vive, Edna affirme qu'elle a suffisamment d'argent pour ne plus avoir besoin de lui. Elle fait référence aux 40 000 dollars en actions General-Motors que lui a donné Albert. Celui-ci, pour lui faire peur, prétend qu'avec l'énorme paquet d'actions en sa possession, il peut suffisamment faire chuter les cours de GM pour qu'elle soit ruinée. A cela, Edna rétorque qu'elle se contentera des 50 000 dollars de bijoux qu'elle possède pour refaire sa vie. Albert à cours d'argument, s'en va avec la boite à bijoux d'Edna qu'il dépose dans le coffre fort de l'hôtel avant de se rendre à Levallois-Perret.

En début d'après midi, en compagnie de Pierre Tournier, il retourne à son hôtel avec l'espoir que les choses se seront calmées. La chambre est vide. Les deux hommes partent à la recherche d'Edna qu'ils découvrent finalement à proximité du Crillon, en grande conversation avec Charlie Brazelle. Une violente dispute éclate alors entre les deux hommes qui finissent par en venir aux mains. Sous les coups, Albert chancelle. Aidé de son ami Tournier, il regagne à pied en passant par le quartier des Tuileries, l'hôtel Meurisse. Albert ne se sent pas bien, il s'arrête. Il se plaint de douleurs vives à l'estomac. Les deux hommes entrent dans une pharmacie. On lui donne de l'aspirine et on lui conseille de voir rapidement un médecin. Arrivé dans sa suite, Albert est de plus en plus mal. Il sue à grosses gouttes et Pierre Tournier très inquiet fait immédiatement appelé un médecin mais il est déjà trop tard et à 16 h 30, Albert Champion meurt en présence de son ami Pierre Tournier.

On retrouve cette version des faits sur la plupart des sites américains qui aujourd’hui évoquent la vie d'Albert Champion mais cette façon de voir les événements en s'appuyant sur la suite sordide de l'histoire entre Edna Champion et Charles Brazelle, est elle conforme à la réalité ? La presse française, tout comme les journaux Américains, au lendemain de cette disparition dramatique donne une toute autre version des faits. Aucune référence n'est faite à une altercation violente opposant Albert Champion à Charles Brazelle et dans l’article de « L'auto-vélo » du 28 octobre 1927, le journaliste parle « des causes naturelles » de la mort d’Albert Champion.

Notons que cette fameuse altercation entre les hommes, si elle a bien eu lieu, n'a pas comme témoin direct Pierre Tournier. Comment imaginer, dans le cas contraire, que celui-ci  qui venait de voir mourir son ami, n’en ai pas fait état auprès du médecin et des services de Police qui n’ont pas manqué de l’interroger après le décès. Autre fait troublant, le médecin légiste n'a apparemment pas trouvé de traces de coups sur le corps du défunt car l'enquête a conclu très rapidement à une mort naturelle liée à une embolie pulmonaire.

 

Compte tenu de la fortune d'Albert Champion, qui constituait un bel héritage, on peut légitimement penser que la procédure n'a pas été bâclée pour arriver à de telles conclusions. Edna et Charles Brazelle auraient été interrogés par la police Française puis relâchés sans qu'aucune charge ne soit retenue contre eux. Malgré les recherches effectués par Peter Nye, aucun document écrit ne confirme cette hypothèse.

Pour résumer, rien ne permet objectivement au lendemain des faits, de contredire la thèse officielle d’une mort naturelle. Pas de trace de coups sur le corps du défunt, aucun témoin de la soi disant altercation entre Albert et Charles Brazelle. Rien.

Pourtant, huit ans plus tard, peu après la disparition d’Edna en mars 1935, les premières mentions d’une bagarre entre les deux hommes comme étant la cause directe du décès d’Albert, surgissent dans la presse américaine sans que l’on en trouve aucun écho dans la presse française. Cette hypothèse trouve son origine dans le comportement violent de Charles Brazelle vis à vis d’Edna. Dans une version précédente de son testament, Edna avait émis la volonté de lui léguer la coquette somme de 750 000 dollars. Quand Brazelle s’aperçut que son nom avait disparu du testament sous l’influence de la famille d’Edna, il entama une action en justice pour faire valoir ses droits en arguant du fait qu’ils avaient tous les deux vécus plusieurs années comme mari et femme.C’est à ce moment là, qu’outre les faits de violence avérés sur la personne d’Edna, sa famille accuse également Brazelle d’être à l’origine de la mort d’Albert. Ces accusations graves ne sont probablement pas lancées au hasard et sans fondement. Il est probable qu’elles s’appuient sur des confidences d’Edna. A t-elle été témoin de cette fameuse altercation entre son mari et Charlie Brazelle où bien s’est elle souvenue de confidences faites par son amant. Au moment des faits, alors que la tension était vive entre Edna et Albert qui avait menacé sa femme de la ruiner si elle le quittait, Charles Brazelle a très bien pu par vantardise et pour rassurer Edna faire d’une simple altercation verbale avec Albert un pugilat tournant en sa faveur. On peut également se demander quel crédit accorder aux propos d’Edna dont la santé physique et mentale était très altérée dans les derniers mois de son existence. Vraies ou fausses ces révélations constituent pour la famille Champion-Crawford des preuves supplémentaires pour  montrer la cupidité et l’absence de scrupule de Brazelle. Cela revenait finalement à dire qu’après avoir provoqué la mort d’Albert Champion, Brazelle avait séquestré, battu et drogué sa femme pour s’emparer d’une partie de l’héritage du fondateur d’A.C. Spark Plug. La mort de Charles Brazelle quelques mois plus tard, n’éteindra pas la polémique bien au contraire.

Un article s’appuyant sur les confidences de l’ancienne secrétaire de Charles Brazelle sort simultanément dans plusieurs journaux durant le mois de juin 1936.Tout est alors extrêmement complexe. Faye McElmurray, la dernière secrétaire de Charles Brazelle ainsi que James C. Brazelle, frère du défunt dépose séparément une requête auprès du substitut du procureur de New York affirmant que le décès de Charlie Brazelle est la conséquence directe de blessures infligées par des inconnus (« injuries at the hands of unknown persons » ). Le soir de la mort d’Edna, les gardes du corps embauchés par sa famille auraient expulsé Charles Brazelle sans ménagement alors qu’il tentait de s’introduire dans l’appartement. Dans ce même article, on apprend également, selon les déclarations de Faye McElmurray, que Brazelle serait mort en emportant un grand secret ("he died with a great secret on his lips"). L’auteur de l’article, dans son exposé du différent qui oppose désormais les deux familles rappelle qu’à Paris, le 27 octobre 1927, une violent bagarre aurait opposé Brazelle à Albert Champion. Celui ci souffrant d’une angine de poitrine chronique serait décédé quelques heures plus tard d’un AVC ( A violent scuffle ensued and Champion, a chronic sufferer from angina pectoris, had a stroke). Cette action en justice n’a qu’un seul but récupérer une partie de l’héritage d’Edna qui finalement échappait totalement aux proches de Brazelle. L’implication de Faye McElmurray, la secrétaire de Charles Brazelle dans la procédure, n’est probablement pas une action philanthropique et l’on peut se demander quelle était la réalité de la relation existant entre elle et le défunt.

Utilisée par la famille d'Edna dans le cadre de la procédure judiciaire, l’hypothèse d’une bagarre entre Albert et Charles Brazelle est séduisante à posteriori compte tenu du comportement de Brazelle vis à vis d'Edna mais elle ne repose sur aucun élément concret. Dans tous les articles de cette période, le passé de sportif et de boxeur de Charles Brazelle est évoqué pour renforcer la puissance et l’efficacité des coups qu’il aurait porté à Albert mais rien dans toutes les sources que nous avons consultées ne permet de confirmer le passé de sportif émérite de Brazelle.

Certes Albert Champion était jaloux et il n’hésitait pas à régler avec les poings certains conflits, mais il y a là beaucoup trop d’incertitudes pour que l’on puisse accorder grand crédit à cette version romanesque et dramatique des faits. Rien ne prouve qu’Albert souffrait d’une angine de poitrine chronique et qu’une bagarre violente a éclaté entre les deux hommes le jour de la mort d’Albert. L’émotion vive suscitée par la confirmation de l’infidélité d’Edna pourrait être une cause indirecte de l’embolie qui emporta, quelques heures plus tard, Albert. Objectivement beaucoup trop de zones d’ombre demeurent dans une affaire qui, dans le cadre d’une sordide querelle d’héritage a probablement été amplifiée pour contrer les ambitions de Brazelle. Il nous semble impossible d’aller plus loin et d’affirmer qu’indirectement Charles Brazelle est responsable du décès d’Albert Champion.

Dans le pays qui la vu naître, on pleure le sportif dont le souvenir est encore vif sur dans les vélodromes de la capitale. Pourtant après un délai de rigueur, au bout de quelques mois la disparition prématurée d’Albert soulève ici aussi des interrogations. Certains finissent, comme le Docteur Labardepar abandonner la langue de bois qui veut toujours que le disparu ait été le meilleur des hommes et ils osent évoquer le spectre du dopage. Les liens qui unirent  un temps, Albert Champion au sulfureux entraîneur Choppy Warburton sont bien évidemment à l’origine de cette suspicion. Choppy Warburton possédait d'énormes qualités. Il était probablement sur bien des points,  l'entraîneur le plus efficace de l'époque.  Formidable meneur d’hommes, il savait comme personne motiver ses coursiers et sous sa houlette, ils donnaient le meilleur d'eux mêmes. Pourtant les faits sont tenaces. L’utilisation d’une petite fiole au contenu mystérieux, les exploits extraordinaires de ses protégés mais aussi leurs défaillances et parfois leurs « résurrections » surprenantes laissaient planer de sérieux doutes sur les pratiques de Choppy. Avec le recul, les observateurs avisés des vélodromes n’avaient pas manqué de remarquer que  les talentueux protégés de Choppy, les frères Linton et  Jimmy Michael n'avaient pas fait de vieux os. Ils étaient tous morts jeunes et dans des circonstances qui fort logiquement soulevaient des  questions.

Revue « La culture physique » 1928
http://gallica.bnf.fr/

Cette hypothèse s’appuie sur un ensemble de faits troublants mais rien ne permet de la confirmer. Albert Champion a pendant de nombreuses années pratiqué le sport à un haut niveau, il a été victime de plusieurs accidents graves  qui l’ont laissé profondément meurtri. Ensuite il a travaillé comme un forcené, s’accordant peu de temps de repos tout en profitant pleinement de la vie. Il a, selon l’expression populaire, beaucoup tiré sur la corde et cela suffit peut être à expliquer sa disparition brutale avant la cinquantaine.

Les affirmations du Docteur Labarde rencontrèrent peu d’écho et à notre connaissance aucun autre média ne relaya l’hypothèse du dopage comme cause indirecte de la disparition d’Albert. Cela n’est somme toute pas surprenant quand on connaît l’omerta qui règne aujourd'hui encore dans le  monde du cyclisme professionnel.

Les obsèques d’Albert se déroulent le 3 novembre. Il est, selon ses propres volontés, enterré en France, au cimetière du Père Lachaise. L'office religieux se déroule en l'église américaine de la Trinité, avenue Georges V en présence d’Edna, de ses frères Louis et Prosper qui a fait le déplacement avec ses trois fils et sa femme, de Basil de Guichard, et de Pierre Tournier. Aux cotés de la famille et des proches, on retrouve beaucoup d’anciens coureurs parmi lesquels on peut citer Constant Huret, les frères Trousselier, Jules Dubois, César Simar, Pastaire, Henri Contenet, Victor Thuau. De nombreux journalistes sont également présents  comme Robert Coquelle, Victor Breyer, Charles Faroux, Maurice et Jacques Godet… Dans la foule, on retrouve aussi, aux cotés des anonymes venus rendre un dernier hommage « au gosse blanc », des industriels comme Greame Fenton, fils de l’ancien directeur de la marque Clément, Viriot le fondateur de la Société Automobile Viriot Janin et François Repusseau patron des Etablissements Repusseau et Compagnie importateur des bougies Delco pour la France...

La disparition d’Albert a un important retentissement en France mais plus encore  aux Etats-Unis où il était un personnage incontournable de l'industrie automobile. A sa mort, A.C. Spark Plug Company comptait 3500 salariés aux Etats Unis et environ 500 répartis entre la France et l'Angleterre. En 1927, selon la revue « la machine moderne » A.C. Spark Plug Company produit quotidiennement 150 000 bougies, 12 000 compteurs-indicateurs de vitesse, 12 000 épurateurs d'air, 12 000 filtres à huile et 5 000 silencieux.

Albert P. Sloan avec qui Albert avait beaucoup collaboré au sein de General-Motors déclara au lendemain de sa disparition :

« À mon avis, Albert Champion était un homme tout à fait inhabituel ... La clé de son succès était qu'il n'était jamais satisfait des résultats du travail qu'il faisait alors. Son esprit était toujours ouvert à la nécessité d'une amélioration constante ... L'entreprise initiée par lui à Flint s'est développée grâce à sa détermination.»

La mort d'Albert Champion entraîne d'importants changements au sein d’A.C. Spark Plug. La direction de General-Motors qui n'a plus en face d'elle d'interlocuteur connu et de confiance, prend la décision de racheter immédiatement les actions détenues par Edna afin de prendre totalement le contrôle de l'entreprise. Dès le 1er décembre 1927, A.C. devint une division du groupe. Pour les dirigeants de General-Motors, cette opération était nécessaire car les productions d' A.C. étaient indispensables au bon fonctionnement du groupe. Basil de Guichard qui avait, lors des absences d'Albert, fait preuve de remarquables compétences de gestionnaire lui succède à la Présidence d’A.C. Spark Plug.

Le 24 juillet 1928, Edna est de nouveau à Paris pour l'installation définitive de la dépouille d'Albert dans le mausolée de marbre qui a été construit selon les volontés du défunt au cimetière du Père Lachaise. Albert y repose désormais aux cotés de sa mère Marie Blanche Carpentier dont le cercueil toujours selon ses volontés, a été rapatrié au Père Lachaise. Sur ces différents points, l’attitude d’Edna est irréprochable et elle incarne parfaitement l’image de la veuve éplorée.

La vente des actions ajoutée à celle d'autres biens appartenant au couple Champion qu'elle ne souhaitait pas conserver apportèrent à Edna une importante somme d'argent. Le montant total des avoirs d’Edna est de l’ordre de 12 millions de dollars ce qui correspond à un peu plus de 164 millions de dollars de 2015. Elle s'installe à New York en compagnie de Charles Brazelle qui est, pour l'heure, toujours marié avec Roberta Acuff. Edna tombe très rapidement sous son influence et quand il exprime le souhait de vivre dans un appartement moderne et fastueux, Edna ne regarde pas à la dépense pour lui plaire. Charlie Brazelle a découvert dans la 57ème avenue, où l'on trouve déjà des buildings prestigieux comme le Carnegie Hall, un magnifique immeuble de 18 étages dont les travaux sont quasiment terminés, le Medical Arts. Situé au numéro 57, l'édifice a été conçu par le célèbre Cabinet d'Architecture « Warren and Wetmore ». Aucun appartement n'étant destiné à la location, Edna ne fait pas dans la demi mesure, elle décide d'acheter la totalité du bâtiment pour 1,3 millions de dollars. Charlie souhaite habiter dans un duplex alors ils font aménager par des architectes et des décorateurs deux appartements occupant les 17 et 18ème étages. Edna a choisi l'appartement supérieur, Charles celui du bas. Un escalier est rajouté pour relier en interne les deux logements. Si l'on en croit les descriptions qui en ont été faites, le luxe dans lequel ils vivent, ne rime pas forcément avec le bon goût. Les terrasses sont aménagées avec des plantes exotiques, et les intérieurs sont garnis à l'excès d'or, d'argent et de tapisseries anciennes en provenance d'Europe. Il y aurait même eu des fontaines éclairées de lumignons restituant un clair de lune artificiel. On évoque également une immense fresque représentant le couple et surtout Edna vêtue en tout et pour tout de bottes et d'un masque, au milieu d'une scène de carnaval Vénitien. Des singes et des paons en liberté auraient enfin composé la cour de ces amants mégalomanes. Edna se serait fait installer un lit sculpté revêtu d'un dais de drap d'or qui aurait à lui seul, coûté la coquette somme de 30 000 dollars.


Source : http://daytoninmanhattan.blogspot.fr

Très vite Charlie révèle sa véritable nature de prédateur et peu à peu il assoit sa domination sur Edna. La femme de Charles Brazelle, Roberta Acuff décède à l'age de trente cinq ans d'une pneumonie dans un hôtel Parisien en avril 1930. Charles Brazelle tente alors d'épouser Edna mais celle ci, malgré son insistance pressante, refuse car elle n'a pas envie d'être sa troisième femme. Il accentue encore la pression morale qu’il exerce sur elle et pour cela il la gave de champagne et de drogues. Les disputes, le plus souvent, sous l'emprise de l'alcool, sont fréquentes et violentes. En maintenant ainsi sciemment Edna dans une sorte de brouillard mental permanent, Charlie Brazelle a les coudées franches pour disposer de son argent et faire ce qu'il lui plaît. Globalement Charlie Brazelle ne gaspille pas de fortes sommes en futilité et il cherche plutôt à faire fructifier cet argent comme s’il était déjà le sien. Quand Edna l’a rencontré, il collectait des fonds pour ouvrir un casino à Biarritz et désormais il investit en bourse et se comporte comme un businessman aisé.

Pour avoir les coudées franches, il contraint Edna à ne plus sortir de son appartement et surtout à ne plus voir ou recevoir ses proches. Il la persuade de rédiger un testament qui lui assure, en cas de disparition d’Edna, une part importante de son héritage.

Charlie Brazelle installe un bureau de courtage au deuxième étage de l'immeuble, pour percevoir les loyers du bâtiment et pour gérer et probablement pour mieux contrôler la fortune d'Edna. En 1934, il ouvre une boîte de nuit dans le sous-sol de l'immeuble. Inspiré du célèbre club Parisien, il lui donne le même nom, « le Bœuf sur le Toit ». L'ouverture a  lieu le 13 Décembre de cette année avec un dîner de bienfaisance et un spectacle au profit du Service Social de l'Hôpital Roosevelt, manière de faire un joli coup de publicité pour lancer l'affaire.

Pendant longtemps les amis et la famille d'Edna n'ont pas connaissance de ce qui se passe réellement dans le couple. Lors d'une dispute plus violente que les autres, Edna est sévèrement blessée à la tête. Charlie l'aurait frappé avec le combiné du téléphone. Sa famille, probablement informée par un domestique réagit immédiatement. Quand la famille d'Edna s'en aperçoit, il est chassé sans ménagement du domicile d'Edna. Hélas le mal est fait et Edna ne se remettra jamais de cet usage abusif de drogues. Sa santé se dégrade et complètement traumatisée, elle a peur de se retrouver seule avec Brazelle. La famille embauche des gardes du corps pour veiller sur elle et éviter qu'il ne l’approche. Brazelle possédait les clés de la plupart des portes du bâtiment et malgré l'interdiction qui lui a été faite, il tente à plusieurs reprises de revoir Edna. On peut supposer que ce n'était pas pour se faire pardonner mais plutôt qu'il espérait d'une manière ou d'une autre lui soutirer encore un peu d'argent en lui faisant signer des papiers liés à son héritage. Le 18 mars 1935, il parvient à pénétrer dans l’appartement. Surpris par les gardes du corps d'Edna Champion, il aurait alors été sévèrement battu et jeté par la fenêtre de la chambre. Sa chute, achevée sur une terrasse inférieure, le laissa dans un piteux état. Son décès survenu 9 mois plus tard, le 19 décembre 1935, pour des problèmes d'ulcères à l'estomac, serait selon les accusations portées par son frère et par sa secrétaire, la conséquence directe des blessures reçues ce jour là.

Quelques heures après la visite de Charles Brazelle, Edna décède. Compte tenu du comportement inadmissible de Charles Brazelle vis à vis d'Edna, sa famille fait immédiatement bloquer les dons et legs qu'elle lui avait fait. Edna avait notamment légué peu de temps avant sa disparition 6000 dollars en actions A. C. Spark Plug Company à son amant.

Selon le New York Times en date du 23 avril 1935, Charles Brazelle tente alors de récupérer l'argent en entamant un recours judiciaire mais il échoue dans son entreprise. Pour mettre tous les atouts de son coté, il joue la carte de l'homme respectable et il met en avant de membre du renommé et select New York Athletic Club (NYAC) avec l’espoir que cela jouera en sa faveur. De son coté, pour mieux défendre ses intérêts, la famille d’Edna a déterré et probablement amplifié cette histoire de bagarre entre Albert et Brazelle.

Tout cette histoire est à la fois sordide et diablement compliquée. Même un auteur de polar talentueux aurait du mal à nous faire croire à l’ensemble de ces péripéties. La mort de Brazelle aurait pu constituer le dénouement de cette tragédie mais cela aurait été trop simple.

Le total des dépenses de la veuve d'Albert Champion et de son amant, malgré les excès que nous avons évoqués par ailleurs, ne correspond pas à la différence entre l’héritage d’Edna et ce qu’elle a reçu à la mort d’Albert. Les vérifications effectuées alors par la famille ont révélé qu'il manquait une importante somme d'argent. Il se murmure alors que Charlie a détourné une grosse quantité d'argent en liquide et qu'il l'a dissimulé derrière de faux murs du bâtiment. Les parents d'Edna sont tellement persuadés de cela qu'ils auraient fait, à plusieurs reprises, sonder la structure de l’immeuble pour localiser le pactole mais jamais rien n’a été retrouvé. Pour faire bonne mesure, on parla même de fantômes dans l’immeuble mais tout cela, bien évidemment, n’est pas très sérieux. Par contre, et cela est bien réel, les deux entreprises crées par Albert Champion, A. C. Delco et the Champion Company, figurent aujourd’hui encore parmi les leaders mondiaux de la fabrication de bougies. AC Delco après plusieurs restructurations au sein du groupe General-Motors et notamment le regroupement avec Rochester (fabricant de carburateur) fabrique également de nombreuses pièces détachées et est très actif dans le sponsoring des compétitions moto. Champion Company fait désormais partie du groupe Federal-Mogul Corporation qui possède notamment les marques Ferodo Nüral et Moog. L’héritage d’Albert Champion est toujours là et nous en bénéficions au quotidien quand nous utilisons une voiture, un camion, une moto, un bateau ou un avion. Propser Champion, le frère d’Albert ayant lui aussi obtenu la nationalité américaine, vécut avec son épouse Flora et ses trois fils Albert, Paul et Louis à Flint. Il resta jusqu’à sa retraite employé d’AC Spark Plug. Les petits neveux et les arrières petits neveux d’Albert, descendants de Propser vivent toujours aux Etats Unis et ils conservent précieusement quelques reliques de ce glorieux passé.

 

Albert Champion, l'homme dont Henri Desgrange avait dit qu'il portait un «nom étrangement prophétique» est, à bien des égards, une incarnation classique du rêve américain. Orphelin très jeune, rien ne laissait supposer que ce garçon errant , ce petit gavroche des rues de Paris, connaîtrait une réussite exceptionnelle. Pourtant, à force de travail, Albert s’est construit une vie bien plus belle qu’il n’avait jamais osé l’imaginer. Immigrant insoumis mais sportif de talent, il a quitté la France à tout juste 21 ans pour aller gagner son pain et celui de sa famille, dans les vélodromes américains. Pour ce disciple du sulfureux entraîneur Choppy Warburton, le pari était risqué et ses débuts furent difficiles, mais son immense talent finit par s’épanouir et il remporta d’innombrables succès. Sa situation de déserteur ne lui permis jamais de participer aux mondiaux de demi-fond mais à son palmarès figurent des victoires face aux champions de la discipline comme Constant Huret,  Thaddeus Robl ou Bobby Walthour. Comme beaucoup d'autres cyclistes, il a immédiatement été séduit par l'apparition des premiers véhicules à moteur et tout en continuant sa carrière de stayer, il a couru sur des voitures et des motos avec la même volonté féroce d’avancer et de vaincre. Victime de nombreux accidents, il a payé très cher cette passion de la vitesse et a 26 ans, le corps marqué, usé, il a été contraint d’arrêter la compétition.

Comme sur ses machines quand il fonçait à toute vitesse à la conquête d’un record, Albert Champion a, dans sa reconversion, fait preuve d’une intuition et d’une confiance en lui hors du commun. Là où beaucoup d’autres se sont enlisés dans de petits jobs, il s’est construit un avenir inespéré, poussé par sa volonté d’entreprendre et de réussir. Véritable meneur d’hommes, il a su s’entourer d’une petite équipe de collaborateurs fidèles et dévoués, en sachant reconnaître le travail de chacun à sa juste valeur. Travailleur infatigable, en perpétuel état d’urgence pour ne rien laisser au hasard et pour continuer à progresser, l’esprit toujours tourné vers l’avenir, il est devenu l’un des piliers de l'industrie automobile américaine naissante. Les États-Unis furent d’abord pour lui une terre d’exil momentanée. Il y découvrit une liberté d’entreprendre qu’il ne soupçonnait pas et cet immense pays est très vite devenu le sien. Au moment de la première guerre mondiale, il s’est illustré en faisant preuve d’un patriotisme exemplaire. En réussissant à approvisionner en bougies et autres équipements, l’armée américaine dans un effort de guerre sans précédent, il a assis la notoriété de son entreprise basée sur la fiabilité et la qualité de ses productions. Fortune faite, il aurait pu profiter paisiblement de la vie mais l’oisiveté n’était pas dans sa nature. Jusqu’à son dernier jour, il a vécu intensément, prenant visiblement un plaisir immense dans son travail. Lui qui traitait d’égal à égal avec les plus grands noms de l’industrie automobile américaine, ne connu pas le même épanouissement dans sa vie affective. Remarié, sans enfant, à l’approche de la cinquantaine, il a reporté son affection sur son frère Prosper et ses enfants dont il prévoit de financer les études. Le regard toujours tourné vers l’avenir, la tête remplie de projets, Albert Champion continue à avancer au pas de charge.

Cette incarnation grandiose du rêve américain, va pourtant se terminer brutalement dans un épilogue digne des plus grandes tragédies. La disparition imprévue d’Albert Champion a seulement 49 ans est un choc pour ceux qui le côtoyaient tant il paraissait en forme et plein de vie. Tout a été dit sur les raisons de sa mort. A t-il finit par payer cash l’utilisation à forte dose de produits dopants durant sa carrière ? Sa mort est-elle la conséquence directe d’une agression perpétrée quelques heures plus tôt par l’amant de sa seconde épouse ? Face à ces deux hypothèses séduisantes car elles donnent un sens dramatique à cette histoire ne vaut il pas mieux penser, qu’Albert Champion a vécu très intensément, et même trop intensément. Toujours sous tension nerveuse il a, selon l’expression consacrée, brûlé la chandelle par les deux bouts et un jour, son corps fatigué a brusquement dit stop.

“Ce n'est pas la peur d'entreprendre, c'est la peur de réussir, qui explique plus d'un échec.”  Emil Michel Cioran « De l'inconvénient d'être né ».

 

non exhaustif

1891-1895 :

  • Nombreuses victoires en tant qu'amateur

1896 : 

  • 1er d’une course de 25 kilomètres, au Vélodrome des Arts Libéraux à Paris le 5 avril,
  • 2ème d’une épreuve de 10 kilomètres derrière entraîneur, Paris vélodrome de la Seine, en avril,
  • 3ème du Prix de Toul, sur 10 km, vélodrome de la Seine en avril - Battu par Cissac, lors d’un match sur 50 km, au vélodrome de Roubaix en juin,
  • 4ème d’une course de 80 km avec entraîneurs, vélodrome de Roubaix en octobre,
  • 1er d’un 25 km avec entraîneur au vélodrome d’hiver en décembre,
  • 1er d'une course de 50 kilomètres à Berlin en décembre.

1897 :

  • 1er d’un match de trois jours contre Bouhours et Taylor, Paris vélodrome d’hiver, en février,
  • 1er de la course dite des gosses : Champion, Taylor, Lartigue et Collomb, vélodrome du Veld'hiv le 24 janvier, 50 km derrière entraîneur en 1 h 03 min 11 sec et 3/5ème,
  • Vainqueur d’un match contre Tom Linton, Paris vélodrome d’hiver, en mars,
  • Vainqueur d’un match contre Constant Huret sur 10 kilomètres, Paris en mars,
  • 1er d’un match de deux jours contre Bouhours et Baugé, Paris vélodrome d’hiver, en avril,
  • Record du monde des 5 kilomètres en 5 m 54 s en avril (Le Figaro, 12 avril 1897),
  • Vainqueur d’un match contre Constant Huret sur 50 miles, Paris en juin,
  • 2ème d’une course de 50 km, vélodrome de la Seine, en juin.

1898 :

  • 1er d’une épreuve de 25 km au vélodrome du parc des princes en mars,
  • 1er d’un match contre Fischer, vélodrome Zurenborg d’Anvers  en juin,
  • 1er de la course des 50 km avec entraîneur du Grand Prix de la Ville de Paris en août,
  • 3ème d’une épreuve de fond sur le vélodrome Zurenborg d’Anvers en août,
  • Record du monde officieux du kilomètre avec entraîneur en 59 secondes, Paris septembre,
  • Vainqueur d'un match sur 50 km contre Bertin au vélodrome d'Agen en novembre.

1899 :

  • 1er Paris-Roubaix en avril,
  • 1er de la course des 4 jours de Berlin, en mai devant Cordang (NL) et Huret,
  • 2ème de la course des cent mille au Parc des Princes, le 6 août,
  • 1er de la course de 3 jours (3 épreuves de 3 heures derrière entraîneur) au Parc des Princes du 14 au 16 août,
  • 2ème d’une course de 25 miles derrière moto à Boston le 28 août,
  • 2ème derrière Simart d'une course d'une heure derrière entraîneur, au Parc des Princes le 11  septembre,
  • 3ème d’une course de 20 km derrière entraîneur, Paris piste municipale, le 25 septembre réunion d’automne de l’AVA,
  • Battu par Harry Elkes, lors d’une poursuite de 20 miles derrière tandem, au Madison Square Garden de New York en décembre,
  • Vainqueur d’un match poursuite de 5 miles contre Joe Downey vélodrome Charles River Park de Boston le 14 décembre.

1900 :

  • 3ème du Golden Vase (6 days race, 2 hours a night) à Boston le 9 septembre,
  • De nombreuses victoires sur engin motorisé notamment une épreuve de 15 miles pour tricycle à moteur le 20 septembre à Chicago, une course de 5 miles à Saint Louis le 5 octobre et une épreuve de 15 miles en octobre à Boston,
  • 4ème The Golden Wheel vélodrome Charles River Park de Boston, le 9 octobre.

1901 :

  • Record du mile, en 1minutes et 37 secondes, Coliseum Park Square Washington, le 4 janvier,
  • Record du mile (pour une piste nécessitant 6 tours/mile), en 1minutes 25 secondes et 4/5, Coliseum Park Square Washington, le 30 mars,
  • 1er du Great Three Cornered à Boston en juillet,
  • 1er d’une épreuve de 25 miles derrière moto le 16 juillet au vélodrome Charles River Park de Boston,
  • Vainqueur du match sur 25 miles derrière moto, contre John Nelson. Il est entraîné par     Fournier et sa moto surnommée « the black demon » le 20 juillet au Coliseum,
  • 3ème The Golden Wheel Six-day race de Boston vélodrome Charles River Park en juillet,
  • Vainqueur d’un match sur 5 miles contre Archie McEachern à Toronto le 30 août,
  • Vainqueur du match en deux manches sèches (1 et 5 miles derrière moto) contre Taylor le 8 août vélodrome Charles River Park de Boston, (Cambridge),
  • Record du monde du mile départ lancé en 1m 29 s 4/5 (The Hawaiian gazette 20  Août, 1901),
  • Record du monde des 5 miles à moto en 6 minutes et 22 secondes à Vailsburg Newark État du New Jersey.

 29 victoires  sur 40 courses disputées durant l'année.

1902 :  

  • Record du monde du mile à moto en 1m 25 s 1/5 à Philadephie le 13 janvier,
  • 1er de la course du brassard sur 25 miles, vélodrome Charles River Park de Boston le 30 mai,
  • Record du monde des 25 miles en 37 minutes, 15 secondes et 3/5, Charles River Park de Boston.

BOSTON. June 5.

— World's records from fifteen to twenty-five miles were 'broken by Albert Champion on Charles River Park track to-night during a twenty-five-mile individual motor-paced race against Elkes, Walthour and McFarland. His time for twenty-five miles was 37:15 3-5. The record was 37:17, made by Walthour last year.  San Francisco Call, Volume 87, Number 6, 6 June 1902,

  • Vainqueur du match sur 25 miles contre Bobby Walthour, au Revere Track de Boston le 10 juin,
  • Vainqueur du match sur 25 miles contre Howard Freeman, au Coliseum Park de Washington, le 12 juin,
  • 1er d’une course de 25 miles, le 28 juin à Manhattan Beach,
  • 1er d’une course de 20 miles derrière moto, le 19 juillet Manhattan Beach,
  • Record du monde des 10 miles à Baltimore le 17 juillet en 13 m 58 s 2/5.

Selon le journal « La Pédale » il aurait remporté 48 victoires pour 53 courses disputées durant l'année.

 

1903  :

  • Record du monde du mile à moto en 58 s 4/5 à Boston le 30 juillet,
  • Record du monde du mile à moto en 56 s à Boston le 04 septembre
  • 1er d’une course de fond de 20 miles derrière moto, vélodrome Charles River Park de Boston, le 8 septembre,
  • Battu par Bobbie Walthour, lors d'un match en deux manches à Atlanta le 17 septembre,
  • Vainqueur d’un match contre Bobbie Walthour pour le titre de champion des Etats-Unis de demi-fond, le 2 octobre au Coliseum Park de Savannah.

Selon le journal « La Pédale » il aurait remporté 10 courses sur 12 disputées durant l'année.

1904 :

  • Retour en compétition en mai 1904 (the Washington Times 23 mai),
  • 1er d'un 25 miles à Charles River Park, le 5 juin,
  • 1er d'un 20 miles à Manhattan Beach Track, New York le 9 juin,
  • battu d'une 1/2 seconde par B Walthour lors d'un match au Stadium d'Atlanta, le 15 juin,
  • Vainqueur d’un match en deux manches contre Contenet, Vélodrome Buffalo, Paris en juillet,
  • 1er d’une épreuve de 50 km  derrière moto, vélodrome de Buffalo, face à César Simar et Paul Guignard, le 26 juillet,
  • Champion de France de demi-fond le 19 septembre devant Paul Guignard et Henri Contenet,
  • 1er d'un 100 km à Dresde face à Robl, Hall et Simar, le 9 octobre,
  • 1er  d'une course au Parc des Princes, le 30 octobre.

 

1905 :

  • 2ème d'une épreuve de 25 miles à Revere dans le Massachusetts, le 1er juillet. 1er Walthour, 3ème Moran.

Selon le journal “le Petit Parisien” du 23 février 1908 Albert Champion aurait souhaité reprendre à nouveau la compétition cette année là.

                                                        NOTES

 

VI) Le dernier combat

“The Fast Times of Albert Champion” Peter Joffre Nye, p 335

“The Fast Times of Albert Champion” Peter Joffre Nye, p 336

“The Fast Times of Albert Champion” Peter Joffre Nye, p 339

Albert est généreux car le don qu'il fait lors de son mariage correspond en 2015 à la somme de  571 428 dollars. http://www.davemanuel.com/inflation-calculator.php

Carl Bergmans est également connu pour la longue correspondance qu'il a entretenue entre 1932 et 1955 date de sa mort, avec la grande écrivaine Belge de langue Française, Marie Gevers (La comtesse des digues, Plaisir des Météores...)

http://www.oldhouseonline.com/reviving-a-castle-like-house-in-michigan/

« Who, me? Forty years of automobile history » Chris Sinsabaugh p 222

« Who, me? Forty years of automobile history » Chris Sinsabaugh p 224

http://www.trombinoscar.com/duesenberg/

AEF : American Expeditionary Forces. Corps Expéditionnaire Américain commandé par le Général John Pershing à partir de 1917 pour aider les alliés en Europe face aux armées allemandes.

“The Fast Times of Albert Champion” Peter Joffre Nye, p 351
 « Ghoulies and Ghosts : The Haunted Penthouse » texte de  Doris Lane, 25 février 2001 http://archiver.rootsweb.ancestry.com/

Roberta Acuff est née le 5 janvier 1890à Bolivar, siège du comté de Polk, dans l'État du Missouri. Elle est décédée à Paris le 10 avril 1930. http://acuff.org/trees/Roberta Acuff avait épousé en seconde noce Réginald Gouraud, un américain vivant à Paris et qui est considéré comme l'inventeur de la télévision (www.scienceandsociety.co.uk) et comme l'un des tout premier radioamateur du monde.

“The Fast Times of Albert Champion” Peter Joffre Nye, p 346.

« Les gens me disent, Albert, vous avez tout l'argent que vous voulez, pourquoi dans ce monde, ne vous arrêtez vous pas pour prendre du bon temps ? Je ris à chaque fois. Ils ne comprennent pas. C'est maintenant que je passe les meilleurs moments de ma vie. »

The Detroit News 21 août 1927 : « Work Is Champion 's Main Pastime-Says He Can't Quit Now » “The Fast Times of Albert Champion” Peter Joffre Nye, p 432.

Charles Franklin Kettering est également à l'origine de l'adjonction de plomb dans les carburants pour en augmenter la puissance. C'est grâce à cela, et malgré le fait qu'il connaisse les dangers du plomb pour la santé, qu'il fit fortune. Son soutien indéfectible à la production du plomb et le fait qu'il soit le co-inventeur du gaz fréon, deux produits dangereux et polluants font de lui un homme peu apprécié aujourd'hui.

Voir à ce propos les articles parus dans les journaux français et américains:« L'auto-vélo », du 28 octobre 1927 ; « La Presse » du 29 octobre ; « La Pédale » du 2 novembre ; « Paris-Soir Sportif » du 29 octobre ; « La Lanterne » du 30 octobre ; « The Time Magazine » du 7 novembre ; « The San Bernardino Sun » du 28 octobre ; « Comoédia » du 29 octobre ; « Le Rappel » du 30 octobre ; « Le Petit Parisien » du 28 octobre 1927, « Le Figaro » 29 octobre...

“The Fast Times of Albert Champion” Peter Joffre Nye, p 356

« New York Times » édition du 23avril 1935, Charles Brazelle obtient l’invalidation du testament d’Edna Champion.
« Hair Raising New Charges in the Fantastic saga of the Spendthrift Widow’s Millions » article paru simultanément dans les journaux suivants : « The Albuquerque Journal », « The Fresno Bee-The Republican », « The Philadelphia Inquirer » datés du 14 juin 1936. Article repris le 21 juin 1936 dans le journal « The Detroit Free Press ».
 Le Docteur Labarde est un collaborateur régulier de la revue « La Culture Physique » durant les années 1910/1930. Il est également chef de service de l’établissement de Physiothérapie du Docteur  Georges Rouhet, faubourg Poissonnière dans le 10ème arrondissement de Paris.
« L'auto-vélo », numéros du 03 et du 04 novembre 1927

« In my opinion, Albert Champion was a most unusual man… The keynote of his success was that he never was satisfied with the product of the job he was then doing. His mind always was open to the necessity for constant improvement… The business initiated by him in Flint has grown larger through his industry.» 

« Who, me? Forty years of automobile history » Chris Sinsabaugh p 225

The Bizarre Tale of the Medical Arts Building - No. 57 W 57th St, article paru le 4 juin 2013 sur le site http://daytoninmanhattan.blogspot.fr

                                                        EN SAVOIR PLUS

SUR LA TOILE :

http://gallica.bnf.fr/

https://www.acdelco.eu.com/ site de la firme AC Delco

https://en.wikipedia.org/..

http://bikeraceinfo.com site américain sur l'actualité du cyclisme mais aussi sur son histoire avec de nombreux articles détaillés.

http://www.asecc.com/ une brève histoire de l'industrie des bougies d'allumage aux USA

http://chroniclingamerica.loc.gov/ site d'archives regroupant la plupart des journaux américains

https://cdnc.ucr.edu/  California Digital Newspaper Collection, site d'archives regroupant des journaux californiens

https://stuyfssportverhalen.wordpress.com site néerlandais contenant de très nombreuses informations sur l'histoire du cyclisme

http://daytoninmanhattan.blogspot.fr/2013/06/the-bizarre-tale-of-medical-arts.html blog sur le quartier de Manhattan qui présente une version intéressante de la fin dramatique d'Edna Champion

http://www.hemmings.com/hcc/stories/2006/01/01/hmn_feature21.html site donnant de nombreuses infos sur les fondateurs de l’industrie automobile américaine et notamment Albert Champion

http://www.jalopyjournal.com/ Diverses informations sur l'histoire de l'industrie automobile américaine et sur l’origine des doutes sur la mort d’Albert Champion.

http://history.gmheritagecenter.com/wiki/index.php/AC_Spark_Plug_Division Site officiel de l'entreprise AC avec de nombreuses archives intéressantes.

www.gettysburgdaily.com/ site évoquant la célèbre bataille de Gettysburg, dont la représentation de Paul Philippoteaux occupait le cyclorama de Boston

http://buickcity.blogspot.fr/  histoire de la marque fondée par David Buick

http://www.flintexpats.com/ site donnant de nombreuses infos sur la ville de Flint

https://backtothebricks.org/ site dédié à la marque Buick qui présente également les pionniers de l'industrie automobile américaine honorés par la ville de Flint

http://www.oldhouseonline.com/ - histoire de la fabrique de faiences de Flint acheté par Albert Champion

http://www.nndb.com/people/718/000180178/ Biographie succinte d'Albert Champion

www.google.fr/patents/ Listing très complet des brevets déposés aux USA

http://www.sae.org/about/general/history  site officiel « the Society of Automobile Engineers » avec une partie consacrée à l'histoire de la société.

http://www.automotivehalloffame.org/ archives sur les grandes personnalités de l'industrie automobile américaine

http://stayer-fr.blog4ever.net/ blog en français sur le demi fond et les stayers.

https://archive.org/details/bicyclingworldmo00leag : archives de The Bicycling World and Motorcycle Review.

http://www.corvetted.com/ site présentant les pionniers de l'industrie automobile américaine honorés par la ville de Flint.

http://www.walthammuseum.com/ Informations sur Charles Metz, the Waltham Manufacturing Company et The Orient bicycle.

A LIRE, A DECOUVRIR

« General Motors in the Twentieth Century ». Alan K. Binder and Deebe Ferris (editors). Ward’s Communications. 2000; https://history.gmheritagecenter.com/

« A. Champion, Ses victoires, Ses aventures, Son voyage en Amérique » Edouard de Perrodil, collection : Les étoiles de la piste, Stayers, 1904, 30 pages

“Tycoons, Scorchers, and Outlaws: The Class War that Shaped American Auto Racing”. Timothy Messer-Kruse, Palgrave Macmillan, 29 nov. 2013, 156 pages

“The Fast Times of Albert Champion” Peter Joffre Nye, Prometheus Books, Amherst New York, 2014, 460 pages.

« Les Rois du cycle, Comment sont devenus champions Bourrillon, Cordang, Huret, Jacquelin, Morin, Protin. » Victor Breyer et Robert Coquelle,.Paris, Brocheroux éditeur 1898.

“Billy Durant: Creator of General Motors” Lawrence R. Gustin, University of Michigan Press, 2008, 296 pages.

“The turning wheel;: The story of General Motors through twenty-five years, 1908-1933”, Arthur Pound, Doubleday, Doran & Company, Inc; First Edition (1934)

« Les champions français » E. Gendry (G. De Moncontour), G Meynieu, Libraire-Editeur, Angers, 1891, 212 pages

« The Monuments: The Grit and the Glory of Cycling?s Greatest One-day Races » par Peter Cossins,  416 pages, Editeur : Bloomsbury Publishing PLC 26 février 2015

« La fabuleuse histoire du cyclisme » Pierre Chany, Edition de la Martinière, Paris 1997 (édition originale 1975

« Adventures of a White Collar Man » Alfred Pritchard Sloan Junior., Editeur Doubleday Press 1941

« Life in the Slipstream: The Legend of Bobby Walthour Sr », Andrew M. Homan,  Potomac Books 2011

« Billy, Alfred, and General Motors: The Story of Two Unique Men, a Legendary Company, and a Remarkable Time in American History Hardcover », William Pelfrey, Amacom Books 2006

« Who, me? Forty years of automobile history »  Chris Sinsabaugh. Arnold-Powers; Inc.; 1ère édition, 1940

« L’enCYCLEopédie » Jean Durry, Edita, Lausanne, 1982, 424 pages,

 

Albert Champion
Chapitre VIII

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