MARGARET GAST :
Pour les femmes européennes et américaines, le droit à la bicyclette, le droit de pédaler en toute liberté a été conquis de haute lutte durant la deuxième moitié du XIXème siècle. Cet acte simple, que l’on oserait presque qualifier de naturel pour l’homme, ne le devint pour les femmes qu’après une trentaine d’années de lutte. Le tout premier club cycliste féminin, le « Coventry Lady Cyclists » vit le jour en 1892, dans la capitale américaine de l’industrie du cycle.
Par la suite, les choses évoluèrent rapidement et, en 1895, pédaler au féminin est devenu à la mode, à la condition bien sur d’utiliser une tenue adaptée à la bienséance… Les courses cyclistes demeurent elles l’apanage quasi exclusif des hommes. Celles qui s’introduisent à force de volonté et de travail dans ce milieu sont encore au début du XXème siècle, dénigrées et considérées comme des saltimbanques, pas beaucoup plus haut dans l’échelle sociale que celles que l’on nomme alors « les filles de mauvaise vie ».
Margaret Gast fut une de ces aventurières, se faisant d’abord connaître dans des courses d’endurance cycliste avant d’entamer une brillante carrière de pilote de moto.
Originaire d’un petit village de Bavière, Margaret Gast est arrivée aux Etats-Unis en 1893, alors qu’elle n’avait que seize ans. De son vrai nom Nagengast, elle ne garda que la dernière syllabe probablement pour faciliter son acceptation dans son pays d’adoption. Selon certaines sources, elle aurait effectué le voyage avec son frère pour d’autres c’est avec quatre autres filles qu’elle aurait fêté son seizième anniversaire au milieu de l’océan. Dans les deux versions, il n’est jamais question des parents ni des raisons qui ont poussé cette famille bavaroise à immigrer aux USA. On peut cependant penser que, comme beaucoup d’autres immigrants, c’est la pauvreté et l’espérance d’un avenir meilleur, qui ont conduit à ce grand départ. En effet, Margaret aurait étudié la musique durant plusieurs années au Conservatoire de Munich avant son départ pour les USA, signe que la famille Gast a connu une certaine aisance financière pendant de nombreuses années. Nous verrons plus tard que Margaret a raconté finalement beaucoup de choses et qu’il est difficile de connaître précisément cette période de sa vie.
A peine arrivée en Amérique, la jeune Margaret a du trouver rapidement un petit boulot signe évident qu’elle ne roulait pas sur l’or. Elle commença tout d’abord par garder des enfants à New York, perfectionnant son anglais tout en leur apprenant l’allemand. Dès que son niveau en anglais fut suffisant, elle abandonna son poste pour apprendre le travail de modiste. Rien ne prédestine celle qui sera plus tard surnommée « the little dutchy » à se lancer dans les courses cyclistes et c’est un peu par hasard, par effet de mode, qu’elle commença à faire de la bicyclette.
« In 1899 and 1900 everyone had a bicycle… I had to be like the others, so I learn to ride. After a while I began to ride with the clubs on Sunday. Then, they put me in races… » (En 1899 et 1900 tout le monde avait une bicyclette...Il fallait que je sois comme les autres, donc j’ai appris à pédaler. Au bout de quelques temps, j'ai commencé à rouler avec les clubs, le dimanche. Ensuite, ils m'ont mis dans des courses…).
Au moment où Margaret Gast découvre les joies de la bicyclette, d’autres jeunes femmes font la une de l’actualité sportive. Les historiens du cycle s’accordent aujourd’hui à dire que la première course cycliste à laquelle des femmes participèrent fut le Paris Rouen, organisé le 7 novembre 1868. Pour un total d’environ 300 participants il y aurait eu entre 2 et 12 femmes au départ. H. O. Duncan (voir coup de chapeau que nous lui avons consacré), en général bien informé, en compte 3. En fait ce n’est qu’à la fin des années 1880 que les compétitions féminines commencent à se développer et à connaître quelques succès. Malgré la création de l’UCI en 1893 qui prend sous sa responsabilité les courses féminines sur route et sur piste, tout cela demeure très confidentiel. Les courses sur piste féminines sont quasi systématiquement mises en scène entre des pièces de théâtre et de music-hall, des acrobaties, faisant finalement passer la performance sportive au second plan. Les championnes de l’époque sont, entre autres, la française Lisette entraînée par le sulfureux Choppy Warburton (voir coup de chapeau), la Belge Hélène Dutrieux (voir coup de chapeau), la britannique Rosa Blackburn. Aux USA, la première championne à se faire connaître du public fût Louise Armaindo qui en décembre 1886 participa à une course de 6 jours contre deux hommes.
La mode des records de longue distance démarre véritablement aux USA en 1898, lorsque trois jeunes femmes entre en concurrence dans une escalade de record d'endurance. Irène Bush de Brooklyn réussit à rouler 200, 300 puis 400 miles en 48 heures à la mi juillet 1899. A la fin du mois, Jane Yatman, de Manhattan, allonge la distance et parcourt 500 miles en 58 heures, et enfin Jane Lindsay, début septembre, accomplit 600 miles en 72 heures. Quelques semaines plus tard, Jane Yatman parcourt 700 miles en 81 heures et 5 minutes. Le 17 octobre 1899, entre à nouveau en scène une jeune femme qui mériterait bien elle aussi, de ne pas tomber dans l’oubli : Jane Lindsay. Hélas, personne ne s’est pour l’heure intéressé à cette authentique championne. De sa vie et de ses exploits, il ne reste quasiment rien, pas même une photo sur la toile.
Repoussant ce que l’on croyait être les limites de l’endurance féminine, Jane Lindsay couvre la distance de 900 miles en 91 heures et 48 minutes.
The Times, si l’on en croît Sue Macy, se moqua stupidement de la saine rivalité qui existait entre les jeunes femmes, déclarant qu’il n’y avait pas d’argent à gagner dans ces exploits mais qu’il s’agissait plutôt d’une simple rivalité féminine et de la volonté de faire toujours plus que ses adversaires. (Bitter rivalry, that characteristic feminine trait, and the determination to 'get even' are seemingly the actuating motives.)
Au printemps de 1900, Jane Lindsay se remet en selle et établit un record qui eu un profond retentissement aux USA. Elle atteint la barre mythique des 1000 miles en 164 heures et 40 minutes, prouvant qu’une femme était capable de courage et d’endurance bien au-delà de ce que la plupart des hommes pouvaient faire. En cela, elle faisait mentir le Baron Pierre de Coubertin dont on oublie souvent les propos misogynes et racistes qu’il proféra à maintes reprises : «Il est indécent que les spectateurs soient exposés au risque de voir le corps d'une femme brisé devant leurs yeux. En plus, peu importe la force de la sportive, son organisme n'est pas fait pour supporter certains chocs.»
Le parcours utilisé pour leurs records par Jane Yatman, Jane Lindsay et Margaret Gast Sue Macy : Wheels of Change
Margaret Gast, impressionnée par cette performance, décide immédiatement de se préparer pour battre ce record que beaucoup considère comme intouchable. Bien plus tard, lorsqu’elle fût interrogée sur ses exploits et sa préparation, elle prétendit s’être entrainée pendant cinq semaines parcourant trois ou quatre 25 miles (40,230 km) dans la matinée, puis quatre autres dans l'après-midi. Ces chiffres qu’il est impossible de vérifier sont pour le moins surprenants. En effet, si l’on fait un rapide calcul, Margaret Gast prétend avoir effectué 100 miles le matin et autant l’après midi soit 321,87 km chaque jour. Si sa mémoire ne lui joue pas des tours, l’entrainement que s’est imposé Margaret Gast est un véritable régime de galérien et il faut une constitution physique nettement supérieure à la moyenne pour supporter cette charge de travail.
Difficile de dire quel fut réellement sa préparation mais elle fût efficace et au mois de juin 1900 et non pas mai comme on peut le lire souvent, sur la route de Long Island à proximité de New York, Margaret améliora nettement le record de Mme Lindsay en réalisant les 1000 miles en exactement 120 heures.
Motivée par ce succès ainsi que par la notoriété et la popularité qu’il lui a apporté, avec en point d’orgue une page entière dans le très respectable « New York Herald Tribune », Margaret Gast songe très vite à s’attaquer à de bien plus grandes distances. Nous sommes en ce début de XXème siècle dans l’ère de la démesure et, à coté de compétitions classiques au niveau de la distance, se développent des épreuves que l’on pourrait qualifié de déraisonnables. Les six jours sont un bon exemple de folie du toujours plus loin toujours plus longtemps En effet à leur début, ils opposaient des coureurs en individuel et non pas par équipe de deux, qui roulaient 24 heures sur 24 pendant 6 jours. Le vainqueur était celui qui avait parcourut le plus grand nombre de kilomètres, c'est-à-dire celui qui au mépris de sa santé et bien souvent avec le soutien de toute une pharmacopée aléatoire, avait réussi à surmonter la fatigue et à dormir le moins possible. Le cyclisme n’avait pas encore les règles qu’on lui connaît aujourd’hui et les tentatives les plus folles et parfois les plus inutiles trouvaient un écho dans la presse et auprès du public friand de performances démontrant une endurance quasi surhumaine. Vexée d’avoir été ainsi dépossédée de son record, Jane Lindsay établit, peu de temps après, un nouveau record féminin, cette fois ci sur 1500 miles. Immédiatement Margaret se prépare pour aller décrocher ce nouveau record et le 6 octobre, elle remonte en selle. Malgré des problèmes avec ses entraîneurs qui, selon ses dires, n’arrêtaient pas de se plaindre, elle améliore d’un peu plus de deux heures, le temps de Jane Lindsay. Sur sa lancée, elle continue à rouler pour finalement établir également le record des 2000 miles. Sa performance est remarquable car elle est très proche du record détenu alors par un américain dénommé Will Brown, spécialiste des exploits d’ultra endurance. Poussée par la presse spécialisée et par ses admirateurs elle se décide donc à tenter l’exploit de battre un record masculin. Will Brown est désormais son manageur. Durant toute la carrière cycliste de Margaret, Will Brown aurait également partagée la vie de la jeune femme, c’est que les journaux de l’époque laissent entendre mais John Nagengast, le petit neveu de la championne ne semble pas croire vraiment à cette romance. Will compose une équipe d’entraîneurs importante et motivée pour emmener Margaret dans sa tentative. Lors de son propre record, Will Brown avait pu s’appuyer ou plutôt s’abriter derrière une véritable armada constituée d’un tricycle, de deux tandems et de 23 cyclistes dont Jane Lindsay et Margaret Gast. Tout ce petit monde se connaît, roule probablement ensemble et l’émulation devait être forte au sein du groupe et notamment entre les deux jeunes femmes. En octobre 1900, Margaret s’attaque au record masculin des 2000 miles qu’elle bat. Elle parcourt la distance (3218 km) en 222 heures et 5 minutes ½. Will Brown avait quand à lui couvert la distance en 225 heures et 6 minutes ½. La performance de Margaret s’étend sur 9 jours 6 heures et 5 minutes, ce qui représente une moyenne d’environ 350 kilomètres par jour. Visiblement bien préparée, soutenue par des entraîneurs efficaces, elle améliore dans le même temps le record féminin des 500 miles et elle pulvérise de plus de 20 heures son propre record des 1000 miles. Dès son arrivée, Margaret, décidément inusable annonça qu’elle désirait continuer encore 1000 miles, toujours sur le même tempo de 200 miles par jour (320 kilomètres) et établir ainsi de nouveaux records. Selon le New York Times daté du 19 octobre 1900, son intention aurait été de pousser jusqu’aux 4500 miles pour battre le record établit en juillet 1900 par une demoiselle Emma Bayne et peut être même de pousser jusqu’à la distance colossale de 5000 miles soit environ 8045 kilomètres. Finalement très en jambes et peu fatiguée par ses 9 jours de pédalage ; Margaret continue à pédaler un bon rythme et semble partie pour réussir son pari quand les autorités du comté de Nassau l’obligèrent à s’arrêter. Au moment où les forces de l’ordre l’obligent à mettre pied à terre, Margaret n’a parcourut que 2582 miles, et la jeune femme qui se dit qu’elle n’a pas fait tout cela pour rien, négocie avec les forces de l’ordre et elle obtient finalement l’autorisation de repartir pour terminer les 2600 miles. (New York Times, 20 octobre 1900). L’arrestation de Margaret Gast a été effectuée à la demande de l’attorney (procureur du district de Nassau) qui aurait déclaré pour justifier son intervention : “I consider it improper, immoral and illegal to make such an exhibition on the public highway”. « Je considère qu'il est inconvenant, immoral et illégal de faire une telle exposition sur la voie publique ». Que penser de cette arrestation pour le moins stupide et tardive car elle intervient au douzième jour de la tentative de Margaret ? Les tenants de la société bien pensante de l’époque, par cette action, voulaient signifier à la population qu’il n’était pas admissible pour eux qu’une femme puisse faire du vélo à des fins sportives qui plus est, vêtue de pantalon et non d’une robe. Que cette femme soit, de plus, capable de battre des records détenus jusqu’alors par la gente masculine, était un affront insupportable pour certains…
Cet exploit sportif car cela en est un, donna un coup de projecteur intense sur les capacités d’endurance des femmes. Si l’on ajoute à cette performance, l’arrestation dont fut victime Margaret, tous les ingrédients étaient réunis pour faire de la jeune Bavaroise, un modèle pour les féministes.
Ce record des 2600 miles n’a, je crois plus jamais été tenté par aucune autre femme. Bien plus tard, lors d’interviews qu’elle accorda, Margaret semble s’être amusée, avec la réalité, peut être pour mieux se protéger. Lors d’un entretien, elle prétendit qu’elle n’avait que 18 ans au moment où elle réussit son fabuleux record, dans un autre, elle déclare être née à Chicago enfin dans un dernier article on apprend que c’est en 1905 qu’elle a battu Will Brown…
On découvre également que son père aurait été le capitaine des pompiers de la petite ville de Bavière où la famille Gast résidait avant le départ pour les USA. Plus tard quand Margaret Gast s’essaya au théâtre, on découvre qu’elle aurait appris le français et l’italien dans la voiture Pullman de son père où adolescente elle aurait passé le plus clair de son temps… Il semble au final plus logique de s’en tenir à une version plus classique des faits.
Margaret Gast participa également à des Six Jours où ses qualités d’endurance firent merveille. Il semblerait que la première véritable course féminine de six jours se soit déroulée au Madison Square Garden à partir du 6 janvier 1896. (Source: History of Women in Sports Timeline, www.northnet.org/stlawrenceaauw/timeline.htm). Il s’agit donc d’une discipline toute récente où 4 à 6 cyclistes s’affrontaient durant six longues journées, sans relâche.
On est loin des courses de six jours que l’on connaît aujourd’hui. Sue Macy, auteure de « Wheels of Change », évoque une épreuve sur six jours réunissant six championnes, qui se serait déroulée en mai 1891, à Minneapolis, dans l’Etat du Minnesota. Cette compétition était très loin des épreuves marathon que nous venons d’évoquer car elle ne comportait que trois heures de course chaque soir.
« The little dutchy » aurait remporté au cours de sa carrière 5 six jours mais ces épreuves étant considérées plutôt comme des spectacles que comme de véritables courses, il reste pas ou peu d’archives permettant de dresser un palmarès précis de Margaret.
www.nagengast.org
Selon John Nagengast, Margaret a su monnayer sa popularité en participant à de nombreuses tournées européennes en compagnie de Will Brown son entraîneur et mentor. Il s’agissait d’exhibitions cyclistes plutôt que de véritables compétitions. Je n’ai hélas pas trouvé trace de ces shows qui se déroulèrent durant une courte période allant de 1900 à 1905.
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Au début du siècle, l'arrivée des motocyclettes et de l'automobile détourne rapidement l'intérêt du public du vélo et provoque une baisse conséquente de la fréquentation lors des réunions sur piste. Une grande partie de l'enthousiasme généré par le cyclisme se reporte vers les courses de ses nouveaux bolides à moteur et, des innovations apparues d'abord sur des bicyclettes trouvent leur application dans l'industrie de l’automobile et de la moto. Margaret Gast, qui avait construit sa réputation sur des épreuves de longue distance, se prend de passion pour la moto et les sensations que la vitesse lui procure.
De la selle d’une bicyclette à celle d’une motocyclette, il n’y a qu’un petit pas mais tout aussi peu de femme parmi les pilotes de compétition. Comme Hélène Dutrieu (voir coup de chapeau que nous lui avons consacré) elle le franchit sans difficulté apparente et entame une brillante carrière de pilote moto. Elle fut la première « mile-a-minute girl ». Elle se spécialise dans les exhibitions réalisées dans les foires et les fêtes foraines sur des pistes démontables (portable board track parfois surnommée « Amusement Saucers »).
A l’époque, il s’agissait, sans nul doute, de la forme la plus dangereuse de compétition motorisée mais c’était la seule qui lui permettait de s’exprimer régulièrement et de gagner sa vie. Chaque fois que cela était possible Margaret participait sur sa moto, une magnifique Flying Merkel, à des courses de vitesse sur des pistes plates (flat board track), le plus souvent face à des hommes, qu’elle battait régulièrement. Mais ces compétitions étaient rarement ouvertes aux femmes et Margaret devait le plus souvent se cantonner dans des exhibitions dangereuses parfois au péril de sa vie.
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Durant huit ans, elle présenta ses chevauchées diaboliques dans les motodromes partout aux USA et aux Canada. Quand le prince de Galles visita le Canada en 1914, elle participa à une des attractions vedettes présentées au visiteur royal à « Dominion parc ».
Si l’on en croît les interviews tardives de Margaret Gast, ces années là ne furent pas insouciantes et joyeuses comme l’avaient été celles ou elle était cycliste. Dans un entretien accordé au « Poughkeepsie Sunday New Yorker » elle déclara : « La période où j’ai fait du vélo fut celle des jours heureux. J'ai travaillé dur mais c'était la meilleure partie de ma vie. Ma vie a été plus dure au cours des huit années où je travaillais dans les moto-dromes. J'ai été évacuée à plusieurs reprises en ambulance. Mon pire accident eut lieu à West Palm Beach. Ils m'ont cru morte. Les journaux ont annoncé à la une "the mile a minute girl " est décédée.
Je ne sais pas pourquoi j’ai continué si longtemps à travailler dans les moto-dromes. Année après année je voulais arrêter. J'ai vu d’autres coureurs se tuer, certains d'entre eux estropiés, d’autres brûlés à mort. Je savais que mon temps était compté, mais ils me disaient; « continue, continue ». J'étais comme quelqu'un qui a envie de cesser de fumer et finalement j'ai arrêté ».
Pendant huit années, la dose d’adrénaline que ressentait Margaret chaque fois qu’elle était en piste fut plus forte que la peur qui l’envahissait souvent devant la dangerosité de son métier e elle continua jour après jour ses exhibitions dangereuses partout aux USA et au Canada.
Femme libre, indépendante, Margaret Gast a tout naturellement été proche du mouvement féministe américain et on la retrouve par exemple en 1912, comme marraine d’une vente de charité pour « the international suffrage club » qui se battait alors pour l’égalité des droits entre les hommes et les femmes. Elle n’abandonna jamais cette cause et bien plus tard, dans les années cinquante, elle accepta de poser en tenue de femme de ménage pour un magasine féminin et féministe.
Après avoir définitivement raccroché Margaret Gast ouvrit un studio de santé à Manhattan ainsi qu’une auberge « the little Dutchess Inn à Pawling, New York. Elle exerça le métier de masseuse thérapeute jusqu'à l'âge de 84 ans. On la retrouve également comme actrice dans quelques pièces de théâtre et elle s’essaya également à l’écriture et produisit des poésies de des pièces de théâtre. A 90 ans, toujours bon pied, bon œil, elle est fêtée dans sa ville, qui demeure avec le temps très fière des exploits de la petite bavaroise, arrivée plus de 70 ans auparavant aux USA.
Toujours dans l’air du temps, Margaret Gast a mené sa vie, comme elle l’entendait, se moquant éperdument des préjugés et de la morale puritaine qui prédominait alors aux Etats-Unis. Femme moderne et indépendante, tour à tour, cycliste, motocycliste, actrice, auteure, masseuse thérapeute, elle fut de celles qui ouvrirent des brèches et qui contribuèrent à l’évolution du statut de la femme dans la société américaine. La conception que l’on a aujourd’hui du cyclisme de compétition s’accorde mal avec les exploits de Margaret Gast, qui peuvent paraître vains, inutiles et dénués d’intérêt. La valeur de ces performances, car il s’agit véritablement de performances qu’il n’est pas donné à tous le monde de réussir, tient avant tout dans l’écho qu’elles eurent auprès de la population. Oui, une femme pouvait faire autre chose que s’occuper de son foyer et de ses enfants ; oui, une femme pouvait pédaler ; oui, une femme était capable de performances physiques que de nombreux hommes ne pouvaient atteindre. Oui, une femme pouvait être indépendante et vivre sa vie…
Jack Nagengast, petit neveu de Margaret Gast, a particuliérement apprécié l'article consacré à sa grande-tante, et nous a laissé le message suivant (traduit de l'anglais) :
Merci, merveilleux. Maintenant, elle peut reposer en paix …
Les gens qui ont visité mon site ont toujours utilisé la partie de sa vie consacrée à la moto. Tous ont utilisé les photos de mon site (sans me demander d'ailleurs) et ont toujours insisté sur la partie du vélo à moteur.
“Si l’on en croît les interviews tardives de Margaret Gast, ces années là ne furent pas insouciantes et joyeuses comme l’avaient été celles ou elle était cycliste. Dans un entretien accordé au « Poughkeepsie Sunday New Yorker » elle déclara : « La période où j’ai fait du vélo fut celle des jours heureux. J'ai travaillé dur mais c'était la meilleure partie de ma vie.”
Vous avez parfaitement raison ! Jusqu'à ses derniers jours, elle était encore à l'écriture avec de vieux amis, et avec l'association pour le vélo afin d'obtenir une reconnaissance pour ses réalisations en vélo (et toutes les femmes). C'est ce qu'elle a vraiment aimé.
Votre dernier paragraphe le décrit magnifiquement, comme si vous l'aviez connue.
Toujours dans l’air du temps, Margaret Gast a mené sa vie, comme elle l’entendait, se moquant éperdument des préjugés et de la morale puritaine qui prédominait alors aux Etats-Unis. Femme moderne et indépendante, tour à tour, cycliste, motocycliste, actrice, auteur, masseuse thérapeute, elle fut de celles qui ouvrirent des brèches et qui contribuèrent à l’évolution du statut de la femme dans la société américaine.
La conception que l’on a aujourd’hui du cyclisme de compétition s’accorde mal avec les exploits de Margaret Gast, qui peuvent paraître vains, inutiles et dénués d’intérêt. Même si elle n'avait pas ses propres enfants, ses frères eurent beaucoup d'enfants, qui eurent à leur tour de nombreux enfants, et ainsi de suite. Beaucoup d'entre eux regardent en arrière pour apprécier ce qui a été réalisé et doivent s'en inspirer encore aujourd'hui.
Je les enverrai vers votre site, ainsi que d'autres.
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